jeudi 22 septembre 2011

CONDUITE D'UNE MISSION D'AUDIT


1.1.  QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES


1.1.1.  LES ORIGINES DE L’AUDIT


Il est de bon aloi de penser que personne n’aime se voir contrôler par un tiers, car ceci peut indiquer un manque de confiance dans l’honnêteté ou la compétence de l’individu. De ce fait, l’auditeur actuel tente de rassurer ses interlocuteurs en spécifiant qu’il n’a aucun a priori qui lui permette d’étudier avec un œil soupçonneux leur travail. Qu’il le fasse d’un œil critique est tout à fait légitime, car selon un dicton notoire prononcé par un juge en 1895 « l’auditeur est un chien de garde, il n’est pas un chien de police ». Pourtant lors de ses débuts lointains, et pendant longtemps, l’audit effectuait un rôle important pour déjouer les fraudes, démasquer les fraudeurs, repérer les vols des clercs et du clergé et mettre à jour les libertins des conseillers des rois.

Dès le 13ème siècle, l’Europe a commencé à se faire auditer :

F  en Italie, l’auditeur d’une municipalité reçoit une prime proportionnelle à chaque faute qu’il découvre ;
F  en France la Cour des Comptes commence à examiner le bien-fondé des dépenses publiques
F  en Angleterre, le parlement refuse de voter le budget du roi tant que le compte rendu précédent n’a pas été audité.

La période du 15ème au 18ème siècle, décrit par F. Braudel comme celle de la naissance du capitalisme, a vu aussi naître un nouveau genre de problème contre lequel devait lutter le législateur en s’appuyant en partie sur l’auditeur : la fraude financière. Ainsi, lors de la vague des grands scandales au début du 18ème siècle, on employa des auditeurs pour faire des investigations approfondies afin de démêler les nœuds financiers, dans le but de découvrir les auteurs des faillites frauduleuses.

Personne ne voulant voir son capital nouvellement investi dans une entreprise disparaître sans trace, il y avait peu de gens pour contester l’imposition de la peine capitale aux coupables. Dès lors, l’auditeur accepte avec calme que son travail puisse avoir des conséquences graves pour les dirigeants indélicats. L’affaire notoire de la South Sea de la Compagnie britannique des Mers du Sud ayant exposé la faiblesse des contrôles purement juridiques, a entraîné la création de la profession d’Expert Comptable pour l’Audit Financier. Dans cette période de préhistoire, l’Audit des entreprises ne se faisait qu’à la demande des pouvoirs publics.

1.1.2.  le pointage détaillé


La réglementation moderne des entreprises commerciales a commencé avec le code commercial de Colbert en 1673, bien que leur obligation de se faire auditer annuellement ne soit inscrite dans la législation française que depuis 1867 (loi sur les sociétés commerciales) quand fut créé le titre de Commissaire aux comptes.

Jusqu’en 1936, l’étendue de l’Audit Financier resta très limitée en France. D’une part, les entreprises refusèrent d’accorder aux commissaires aux comptes le droit d’examiner en profondeur leurs livres comptables ; d’autres part, il n’y avait pas de doctrine professionnelle généralement admise. Le brevet d’Etat d’expert comptable ne fut créé qu’en 1927, et les commissaires aux comptes ne se sont organisés en groupement national qu’en 1936.


Cependant, lorsque l’auditeur avait la possibilité de s’attarder sur un examen des comptes, il entreprenait un FULL AUDIT. Par ce procédé, toutes les écritures dans les livres de comptes étaient comparées avec les documents de source. Ainsi, entre autres, l’auditeur-type vérifiait toutes les écritures du journal d’achat avec les factures, puis s’assurait que les inscriptions dans les comptes de tiers étaient le juste reflet de ces enregistrements. L’auditeur effectuait un « pointage » des écritures en y ajoutant des sigles (une croix par exemple) devant chaque chiffre pour indiquer qu’il l’avait contrôlé.

Le pointage détaillé avait comme objet de vérifier « l’exactitude » des comptes. Cette notion que les comptes sociaux d’une entreprise puissent être « exacts » a persisté jusqu’aux débats entourant la loi sur les sociétés commerciales du 24 juillet 1966 (loi française), quand ont été adoptés les principes de « sincérité et régularité »

Il faut noter que la technique de pointage détaillé ne prouvait que le bon équilibre algébrique d’une comptabilité en partie double. L’auditeur qui s’en servait n’était que rarement enclin à s’assurer du bien–fondé des écritures (par exemple, qu’une facture pour l’achat de marchandises avait été précédée par une livraison effective des biens concernés). Au Sénégal, le développement de l’audit s’est fait sous l’égide de la Banque Mondiale dans le cadre du premier projet d’assistance technique du secteur parapublique vers l’année 1970.

1.2.  CE QUE L’AUDIT N’EST PAS


1.2.1.  Le contrôle de gestion


Le Contrôle de Gestion et l’Audit sont deux métiers proches par leurs finalités et leurs domaines d’intervention et qui doivent s’appuyer l’un sur l’autre. L’intérêt d’un Contrôle de Gestion bien en place est de servir de pilote à l’audit (identification des zones à risques ou à performances insuffisantes) puis d’utiliser les recommandations de l’Audit comme levier : prise en compte dans le budget et suivi des performances des potentiels identifiés par l’Audit. Mais les deux fonctions diffèrent :

F  le contrôle de gestion raisonne sur les résultats, l’audit sur les processus. Le Contrôle de Gestion utilise les informations produites par les opérationnels, l’Audit va à la recherche des faits et informe. Partant des faits et des pièces, l’approche Audit est détaillée et analytique alors que le Contrôle de Gestion va du global vers le plus fin en se limitant aux principaux points. Dans un rapport d’Audit, le diagnostic des faiblesses et précis et détaillé ;

F  l’activité du contrôle de gestion est d’une part rythmée par le reporting mensuel et son analyse, et bousculée par les priorités de la Direction Générale ; celle-ci compte sur lui pour repérer l’important et réagir en temps réel. Pour la plupart de ses missions, l’approche de l’audit est systématique, structurée et progressive, ses investigations font l’objet d’un programme de travail, ses travaux sont documentés, régulièrement supervisés et validés avec les audités.

1.2.2.  L’inspection


L’inspection ou contrôle, n’est qu’une des fonctions et techniques de l’Audit, comme la programmation pour l’informatique. Le rôle de l’inspection est de comparer les pratiques aux règles et aux directives, exprimées ou implicites de la direction, sans interpréter ni remettre en cause leurs règlements

Plus large, le rôle de l’Audit est de mettre en évidence les problèmes pour les faire résoudre, afin d’améliorer constamment les techniques de gestion. C’est au responsable de décider de sa solution et de la justifier, à l’Audit d’en proposer une puis d’assurer à la direction générale que la solution retenue réglera le problème.



1.2.3.  La consultation


Les consultants sont appelés pour leur connaissance spécialisée des solutions au problème déjà bien identifié : l’auditeur interne est un généraliste formé à l’investigation : son rôle premier est de mettre en évidence les problèmes (dysfonctionnements et risques) et de les étayer à partir des faits, puis ensuite de leur trouver une solution. Le consultant travaille pour son commanditaire qui reste propriétaire du rapport produit ; l’Audit Interne privilégie l’intérêt du groupe et exige que les problèmes démontrés soient résolus.

1.3.  ESSAI DE CLASSIFICATION DES AUDITS


1.3.1.  suivant l’appartenance professionnelle des auditeurs


Nous distinguons par rapport à ce critère deux types d’audit :

F  L’audit interne : c’est une fonction de l’entreprise remplie par un professionnel (ou plusieurs) salariés de l’entreprise.

F  L’audit externe : il consiste en des missions d’audit menées par des professionnels indépendants (le plus souvent des cabinets), liés à l’entreprise par un contrat.

1.3.2.  suivant l’origine du contrat


On distingue deux types d’audit : l’audit légal et l’audit contractuel.

L’audit légal : Ce sont les missions d'audit qui découlent des dispositions de la loi.

Les articles 694, 695 et suivants de AUO sur les sociétés commerciales, précisent que les sociétés anonymes doivent avoir un ou plusieurs commissaires  aux comptes.

F  L’audit contractuel : Toute autre mission d’audit entre un professionnel et son client autre que le Commissariat et l’Expertise Judiciaire, autrement dit tout contrat d’audit, conclu de gré à gré, débouche sur une mission dite d’audit contractuel.

1.3.3.  suivant la nature de la mission


Suivant la nature de la mission, on distingue généralement l’audit financier de l’audit opérationnel.

F  L’audit financier : Il s’intéresse aux comptes et vise à permettre aux professionnels l’expression d’une opinion motivée sur la sincérité et la régularité des états financiers d’une entreprise.

F  L’audit opérationnel : Encore appelé audit de gestion, il s’intéresse à un aspect particulier de l’entreprise (fiscalité, informatique, personnel, qualité globale, etc.) et vise à déceler des dysfonctionnements et émettre des recommandations pour une plus grande efficacité dans la gestion.

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